Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, votre letre du XVIII à Valence mha encores trové en
2ceste ville où je puys asseurer que je neusse mis le pied
3si jeusse estimé y demeurer si long temps, mys je my
4treuve embarqué jusques à mercredy procheyn ou jeudy. Jay receu
5extrème deplaisir de me voyr confirmé en lopinion où jay tousiours
6esté et pense vous lavoyr escript plus de dix foys, que nous
7naurons paix que par force ; mès voyant que ceulx qui sont les
8aultre contenance, je pensoys beaucoup plus de leur conduyte
10que de mon discours, et vous diray seulement ce mot
11que sa magesté nembrasse ce faict daultre sorte. Je ne
12voy grand moyen que notre province ne soyt du tout ruynée,
13je ne dis pas perdue, cependant que Dieu nous conservera
14en santé ung si sage et advisé segneur que vous estes, la
15verité exclud toute flaterie, de laquelle je suys bien fort
16aliéné. Mon beau frère ma escript avoyr monstré votre
17letre à messieurs du pays pour penser aux moyens. Quand
18dieu permetra que je soye à Grenoble, je ny gasteray rien
19et my ayderay à mon pouvoyr. Il madvertit aussi vous
20avoyr envoyé les advertissementz de monsieur de Birago
21commandant en Piemont et Salusses. Lon nous menasse assés
22sans nous doner grand moyen dy obvier. Ceste craynte
23nha gardé monsieur de La Tivolière daller à St Laurens
24du Pont pour se fère mettre en possession de St Laurens.
25Noz ennemys pensent en tout aultre menage et nous sommes
26fort heureux, je ne scay si sages, de ne laisser pour tout cela
27à estre si curieux des [mots raturés] affayres domestiques. Monsieur le baron
28[69 v°] des Adrestz est en ce lieu avec le baron de St Trriviet son
29beau , [, frère] que presenta hyer XXIIIe sa grace en laudience.
30Je voy bien que la guerre du Daulphiné ne lechauffera
31guières sil ny est poulsé par quelcung qui y aye bon
32credit. Monsieur le marquis de La Chambre me monstra
33hyer une letre de monsieur le vicomte son filz de La Tour
34du Pin, par laquelle il luy escripvoyt que le commissère estoyt
35arrivé pour fère leur monstre et quil navoyt volu
36declarer à personne où la compagnie devoyt aller, si non
37que mondit sieur le marquis sy trova en personne. Si cela
38affères de guerre se gouvernassent sans ses bruitz qui
40ne font que metre en jalousie ceulx qui deulx mesmes
41sont assés umbrageux. Monsieur le president Miliet est
42en Suysse depuys mon arrivée pour bourner quelques limites
43avec ceulx de Berne qui y ont mandé lung de leurs
44advoiés. Jentens quil y ha des difficultés. Je nay encor[e]
45arrestée. Il y ha ung article assés difficil que demandent
47les catholiques de Fribourg et Soleure quest que quand
48ilz iront audit Genève pour le faict de laliance, ilz y
49puissent fère dire messe. Si ledit sieur president est de
50retour entrecy et mon partement, jen scauray la verité,
51mays jaymeroys mieulx scavoyr de vous, monsieur,
52une conclusion de paix ou tresve longue et asseurée
53pour le Daulphiné. Je suys contraynt vous dire encores une
54foys que si le roy ne met la meyn aux armes et à la
55[fol. 31 r°]
56bource, elle nous est plus que necessayre. Je veis
57prier le Createur par sa grace nous y acheminer ou bien
58les vostres à y reduyre lennemy avec tel zèle que chacung
59devroyt avoyr en faict si important et vous doner,
60monsieur, en santé heureuse et longue vie. De Chambéry,
61ce XXIIIIe de janvier 1574, à dix heures de nuyt.
62Votre très humble et obéissant
63serviteur g deportes
64Lon nha encores novelles des
65approches du duc d’Albe.